Éboulement de Dar-es-Salam : triste sort d’un peuple dirigé par des incompétents

26 août 2017

Éboulement de Dar-es-Salam : triste sort d’un peuple dirigé par des incompétents

 

Alpha Condé sur le lieu du Drame

 

Plus de soixante-douze heures après l’éboulement de la décharge de Dar-es-Salam, dans la banlieue de Conakry, qui a couté la vie à au moins neuf personnes, nous avons tentés de situer la responsabilité des actuels dirigeants. Le gouvernement Alpha Condé, dirigé par le Premier ministre Mamady Youla, a grillé sa carte sur toute la ligne dans cet évènement malheureux.

Une gestion efficace de l’insalubrité dans la capitale guinéenne pouvait bien éviter ce drame ! Ce n’est un secret pour personne que Conakry est sale et depuis des années des citoyens interpellent l’état sur la question. Si ces appels avaient été entendus par ceux qui nous gouvernent, le drame du 22 août 2017 aurait été sans doute évité. Des multiples reportages réalisés par des journalistes de différentes presses et des blogueurs ont été diffusés, mais les dirigeants sont restés sourds face à ces appels et mises en garde contre les risques de catastrophe qui pèsent sur les populations riveraines. Des activistes de la société civile ont également lancé l’alerte, sans pour autant que cela n’entraîne une véritable prise de conscience.

Au-delà de ces différents cris de cœurs, le jeudi 16 mars 2017, une délégation officielle s’était rendue sur le site pour, disait-on, lancer l’étude de faisabilité relatives à la fermeture de la décharge. Cette délégation composée de représentants de l’Assemblée nationale, du gouvernement, du gouvernorat de la ville de Conakry et de la délégation spéciale de Ratoma, était accompagnée par Ossi Jevenen, coordinateur de la société DARANOVA et PDG du cabinet de consultation WASDA, en charge des projets et programmes de la Finlande en Guinée et en Afrique de l’Ouest qui devait entamer les travaux de sondage qui vont démarrer sur le site.

Des travaux qui devaient ensuite permettre aux experts de déterminer entre autres la quantité du gaz avant de proposer le type de machines à déployer pour sa transformation en électricité. Et, c’est lors de cette visite que les sages de la zone ont souhaité que les engagements pris soient effectivement respectés par les parties, et que les travaux soient effectués dans un bref délai ; estimant que la fermeture de la décharge serait un ouf de soulagement pour les populations de Conakry en général et les riverains en particulier.

Alors qu’on annonçait que  le financement de l’étude de faisabilité du projet était bouclé et assuré par la société WASDA, le gouvernement n’a pas chercher à comprendre pourquoi les travaux n’ont pas eu lieu. Entre le 16 mars 2017 et le 22 août 2017, jour du drame, la décharge avait continuer à recevoir  les déchets de Conakry, dont la production quotidienne des quelque deux millions et demi de personnes qui y résident est estimée à 2 000 tonnes. Les autorités n’ont jamais songé stopper ce déchargement à ciel ouvert au cœur de la ville. Dans la foulée de cet envahissement, un éboulement qui s’est produit suite à des fortes pluies fait au moins neuf morts et plusieurs blessés.

                                                                           Gestion catastrophique de l’éboulement

Les riverains en total insécurité sur la décharge. Un mouvement de foule qui pouvait être fatale

Annoncé par les médias dans les environs de 11 heures, ce sont les populations locales qui ont été les véritables secouristes. Avec des moyens rudimentaires, ils ont réussi à faire évacuer certains blessés et extraire des décombres la plupart des corps. C’est seulement trois heures après le drame qu’une machine du génie militaire est arrivée sur les lieux pour aider à rechercher dans les décombres des corps et éventuellement des survivants. Une aide qui n’a finalement pas apporté grande chose, puisque le gros du bulot était déjà fait. Alors qu’en pareille catastrophe normalement ce sont les secouristes des services de sécurité (police et gendarmerie), les sapeurs-pompiers, et les volontaires de la Croix-Rouge qui devaient être sur les lieux dès l’annonce du drame. Bien qu’ils soient venus en retard, ces agents de l’État n’ont pas été professionnels. La zone du sinistre est restée non-sécurisée. Les riverains et les curieux fortement mobilisés se sont rendus rapidement sur les lieux. Certains sont allés jusqu’à monter sur la montagne d’ordures formée au fil des décennies d’activité de la décharge, avec d’énormes risques sécuritaires. Une attitude qui pouvait occasionner une nouvelle catastrophe avec des victimes supplémentaires  si les immondices avaient cédé sous leur poids. Heureusement, on n’est pas arrivés là !     Arrivé sur le lieu du drame,  le président Alpha Condé n’a donné aucune instruction quant à la démarche à suivre. Pourtant dans un pays normal, quand ce genre d’événements malheureux se produit, une cellule de crise est immédiatement mise en place, la zone quadrillée et des enquêtes ouvertes. Pourtant, à Dar-es-Salam, il y a bien de la matière à enquêter en tentant d’éclaircir certaines zones d’ombres.

Qu’est ce qui est à l’origine de cet éboulement ? Pourquoi cela est arriver ce jour ? Et après la tragédie qu’est ce qui s’est passé sur les lieux… Autant de questions qui devraient être posées pour avoir leurs réponses !

Paradoxalement, en ce XXIème, nos gouvernants continuent à lier leurs échecs à la volonté divine. C’est derrière cette résignation qu’ils cachent leurs incompétences et irresponsabilité pour continuer d’endormir les citoyens.

Les gestes forts qui ont marqué et qui prouvent qu’Alpha Condé est plus préoccupé par son image à l’international qu’en Guinée

Cette petite fillette est la septième victime de l’éboulement extrait par les riverains

Les Guinéens se sont habitués aux spectacles et randonnées du président Alpha Condé quand il s’agit d’un autre pays. Mais quand il s’agit de la Guinée, dont il est le premier responsable, il s’en moque impunément. L’on se rappelle de plusieurs cas comme celui de Zogota qui est sans doute le plus emblématique. La preuve, après l’inondation en Sierra-Leone voisine il y a quelques jours, Alpha Condé est allé vite sur les lieux pour annoncer avoir offert 200 tonnes de riz et 100 000 dollars aux sinistrés. C’est la même somme de 100 000 dollars qu’il a donnée au Burkina Faso victime d’une sanglante attaque terroriste le jour suivant. Les victimes de Dar-es-Salam, elles, n’ont reçu que 60 millions francs guinéens, un peu plus de 6 000 dollars.

Ce que devait être la réaction d’un président « normal » ou d’un gouvernant « responsable »

  • Sur le lieu du drame, une déclaration forte venant de lui pouvait réconforter les familles des victimes. Mais en lieu et place d’un message réconfortant, c’est un président menaçant qui s’est confié aux journalistes.
  • Il devrait limoger les personnes ayant failli à leur responsabilité d’assainir la ville de Conakry et leur demander des comptes sur cette tragédie. Hélas, c’est plutôt de la diversion qu’il a préférée offrir aux Guinéens en procédant à un mini remaniement ministériel le soir même et un autre le lendemain, qui n’ont rien à voir avec le drame. Une pire diversion.
  • Annoncer un deuil national et profiter de la triste occasion pour se recueillir sur la mémoire des pauvres victimes.
  • Prendre des nouvelles mesures pour empêcher que de nouveaux drames de ce genre ne se reproduisent.

À la place de tout cela, le président Alpha Condé a choisi d’aller au Burkina Faso pour participer aux obsèques de Salifou Diallo, pendant qu’une dizaine de Guinéens venaient de rendre leur dernier souffle dans ce pays où le changement promis peine à se faire sentir par les citoyens.

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