Police Routière : des rackets qui échappent aux contrôles du trésor public

22 février 2019

Police Routière : des rackets qui échappent aux contrôles du trésor public

    Reçu contravention de la police Routière Reçu contravention de la police

Il était 14 heure dans la journée du mercredi 20 février 2019, lorsqu’une sirène quittant la sureté urbaine de Conakry, obligea les policiers à stopper notre véhicule. Après  le passage du cortège, nous nous sommes malheureusement retrouvés à la fourrière de Kaloum, sous prétexte que le chauffeur aurait brulé le feu de signalisation. Quelle ineptie ! Le seul péché pour nous c’est d’avoir respecté l’autorité publique.

Mais comme on aime le dire souvent, ‘’en des moments malheur est bon’’. Oui parce que cette aventure à la fourrière de Kaloum, nous a appris beaucoup de choses. Et c’est bien en ces quelques lignes que je vais faire découvrir le quotient des usagers de Conakry dans cette autre grande boite d’arnaques du pays.

Ici, nous sommes à la fourrière de Kaloum, « l’arrangement » est le maitre mot. « C’est 250.000 GNF, oui si tu veux le reçu et si c’est l’arrangement, c’est 150.000 GNF » nous informes la cheffe de poste du jour. Et d’interroger « où est votre moto ? », ne sachant même pas pourquoi nous sommes là, elle se permet de nous apostropher.  « Nous répondons que c’est pas à cause d’une moto que nous sommes là. Mais plutôt, pour avoir respecté une autorité publique. Elle rétorque qu’alors cela ne la regarde pas.   Bien qu’ayant notre permis de conduite sous son registre, elle méprise toutes les explications que nous asseyons de lui donner. «  Monsieur, vous voyez le monde dehors pardon sortez. Ce n’est pas mon problème. Votre version ne compte pas ici, parce que celui qui a déposé le permis ici est parti à son poste qui vous verbalise pour l’infraction. Vous payé 100000 GNF pour violation du feu de signalisation ou bien vous sortez d’ici parce que nous n’avons pas de temps à perdre », nous intime notre interlocutrice avec une violence verbe qui frôle le mépris.

Dans cette cour, plus d’une centaines de motos et quelques voitures arraisonnées. L’équation semble simple. Oui parce que dans le lot, il y a trois catégories.

La première, ceux qui ont un véto au niveau de la fourrière. Ils sont employés de certains policiers. Une fois à la fourrière, un appel de l’employeur peut facilement les libérer sans contravention. Pour eux, il suffit juste d’informer le ‘’boss’’ pour que les clés de leurs engins leur soit restituées.

Le deuxième, sont ceux qui sont obligés de payer forcément quelle que soit la manière. Ceux-là, il suffit juste que la cheffe de poste prononce sa phrase routinière. « C’est 250.000 GNF, oui si tu veux le reçu et si c’est l’arrangement c’est 150.000 GNF ».   En réalité, c’est l’arnaque. Oui parce que sur le reçu de contravention, la barrière de paiement est de 100.000 GNF. (Voir l’image)

Le dernier groupe, sont ceux-là qui demandent le reçu et l’obtiennent pas aisément, parce qu’ils veulent payer à la régulière au niveau du Trésor public. Oui, parce que demander à recevoir le reçu, pour les agents est un affront à leurs égards. Il rétorque « Tu veux aller jusqu’à Colléha pour payer et revenir ici, alors que tu  peux faire l’arrangement ici ?»  Si vous insistez à avoir le reçu, on va vous faire patienter, uniquement dans le but de perdre du temps, afin que vous renonciez.

Mais c’était peine perdue, parce qu’une fois à l’intérieur de la cour, les faits et gestes ont vite réveillé notre curiosité sur les pratiques au sein de cette fourrière de Kaloum. Alain Berberian disait « On peut tromper une personne mille fois. On peut tromper mille personnes une fois. Mais on ne peut pas tromper mille personnes, mille fois »

Nous avons insisté à avoir le reçu et on l’obtient malgré la réticence. Parce qu’on savait que leur ‘’bonne foi’’ ne sert qu’à se tromper les victimes. En obtenant le reçu de la contravention, on  découvre  l’arnaque dans laquelle végète la police routière guinéenne.

Et voilà qu’on découvre que la plus grande contravention que peut payer un usager en infraction est de 100.000 GNF, si toutefois il exige d’avoir un reçu pour aller payer au trésor public.

Nous sommes sortis avec plusieurs interrogations. Où va l’argent que la police collecte sans les reçus ? Combien le Trésor public perd par le truchement de la police routière ? Autant de questions qui restent sans réponses.

@ao_sowGn

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Commentaires

Siddy Koundara Diallo
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Merci beaucoup pour ces éclaircissements. Désormais je sais ce que je vais faire.